Qu’est-ce que la pandémie de SARS-CoV-2 change à notre regard sur l’innovation ?

Créativité, inventivité, foisonnement d’idées…une crise met les cerveaux à ébullition, incitant les personnes à sortir de leur zone de confort et surtout à œuvrer dans le même sens : celui de la résolution de la crise.

De la bonne idée à l’innovation…l’incrémentation n’est pas automatique

Qu’est-ce que l’innovation ? Ce mot-valise est largement employé depuis au moins deux décennies. Certains affirment même qu’il aurait remplacé le concept de « progrès », ce qui est fort possible à notre sens.

Étymologiquement, l’innovation est un terme datant du moyen-âge et qui consiste en la « transformation d’une ancienne obligation par substitution d’un nouveau débiteur à l’ancien ». Il s’agit donc d’une notion juridique, où l’on souhaite continuer de faire vivre un contrat mais en changeant l’une des parties et donc en introduisant « quelque chose de nouveau dans une chose établie ». Par conséquent, l’innovation repose sur un substrat préétabli, et non sur une invention ex-nihilo. Il est également à noter qu’il s’agit plutôt d’un principe conservateur, puisqu’il vise à faire perdurer un état préexistant. Et lorsque l’on pense que toute l’énergie innovatrice qui est mise en œuvre pour lutter contre le coronavirus sert en définitive à retrouver notre vie d’avant, nous sommes bien dans le sujet !

Aujourd’hui, il est remarquable que l’innovation dans la vie économique est considérée comme le fruit de la rencontre de 3 champs : l’invention, l’organisation et le marché. La bonne idée doit pouvoir s’appuyer sur des processus collectifs au sein d’entreprises et en collaboration avec des acteurs tiers (financiers, conseils, etc.) et doit pouvoir nourrir un besoin existant (substitution à un produit antérieur) ou en devenir (nouveaux usages liés à de nouveaux mode de vie par exemple).

Alors Inno vs Covid ? Qui en sort vainqueur ?

Le constat est cruel :

  • La technique médicale n’a jamais été si avancée : nous somme à l’époque de manipulations génétique inimaginables, de greffes d’organes vitaux, de la microchirurgie….
  • La réaction de confinement face à la pandémie a été identique à ce qui se faisait en pareil situation au moyen-âge

L’absence d’anticipation d’une épidémie qui, somme toute, n’est pas la première de notre histoire, a conduit à des phénomènes d’innovations tout à fait remarquables, du fait de la mise en réseau du monde 2.0 et son corollaire : l’avènement de l’open source et des open data. Mais ne nous y trompons pas, il existe un second corollaire qui est l’explosion de la complexité et qui ne doit pas être considéré à la légère. En témoigne le retrait en juin dernier de la publication du Lancet relative au traitement par hydroxychloroquine de 100 000 patients à travers le monde : le traitement de données anonymisées par la société Surgisphère a été fortement contesté, sans compter de graves dysfonctionnements méthodologiques. Il est apparu alors aux yeux du monde que nos algorithmes actuels traitant de big data ne sont pas encore au niveau de la complexité du vivant.

Mais le plus marquant a été la démonstration de chaines de savoir et de connaissance qui se sont déployées à l’échelle mondiale. En ce sens, les innovations des uns ont pu se retrouver chez les autres en des temps si courts, permis par le numérique. Voilà pour l’avers. Le revers est que la surinformation et la désinformation ont aussi été de la partie : surjouer la communication sur certaines innovations amène nécessairement à en passer d’autres sous les radars. C’est bien pour cela qu’une démarche de veille structurée est une solution qu’il faut de moins en moins négliger !

Dans le cas de la Covid, les innovations qui ont pu être produites ont montré l’importante de l’accès à l’information mais aussi le fait qu’il faut la manipuler avec certaines précautions d’usage. La course contre la montre pour éradiquer le virus doit, pour l’information comme pour la médecine, nous engager à procéder dans les règles de l’art !

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